Association Chantal Mauduit Suisse
Alpiniste d’exception, Chantal Mauduit est née le 24 mars 1964 à Paris. Elle est, dès son plus jeune âge, envoûtée par le ski et la montagne. A l’âge de 13 ans, elle obtient déjà son chamois de bronze et gagne une médaille. Le ski devient plus qu’une passion, un besoin. À travers le ski, elle découvre une autre discipline de montagne, l’alpinisme dont elle tombe amoureuse. Participant à l’École d’Escalade, elle se perfectionne pour concrétiser son rêve. Son carnet de voyage est une trace de ses souvenirs, elle avait commencé à l’écrire en s’inspirant du « Journal d’Anne Franck ». Le « Journal de Chantal Mauduit » c’est tout simplement l’histoire d’une jeune fille qui rêve de montagnes et d’alpinisme, l’essence de sa vie. Moyen d’expression des âmes meurtries comme les auteurs qu’elle aime citer, Balzac, Rimbaud, Malraux, la poésie lui permet de partager ses sentiments, ses espérances, ses rêves, ses douleurs.
C’est comme ça qu’elle conçoit la vie.
En novembre 1979, la mort de sa mère crée un grand vide, elles étaient très proches. Perdre sa mère à l’âge de 15 ans est une épreuve très dure que la vie lui a imposée.
À l’issue de ses études de kinésithérapeute, en 1988, Chantal décide de partir tout d’abord en Amérique du Sud, en s’attaquant à la Cordillère des Andes. Le mont Urus est sa première conquête, plus haut que le Mont Blanc, soit plus de 5000 mètres. En 1989, elle découvre l’Everest et le pays qui l’entoure, le Népal. Un pincement au cœur l’a saisi, les enfants népalais abandonnés, opprimés, appauvris. Chantal propose alors de partager la nourriture, dont elle et son équipe bénéficie, avec les enfants. L’Everest devient sa « quête de l’infini », son « toit du monde », son épanouissement. Ses ascensions himalayennes l’ouvrent vers des réflexions et des interrogations sur l’homme, la vie, la nature, la passion, l’amour, Dieu et se tourne vers la philosophie bouddhiste, religion tibétaine.
Le K2, un des 14 sommets les plus hauts du monde, devient, le 3 août 1992 sa première performance : 8611 mètres. Bien qu’elle ait vu nombreux de ses amis perdre la vie pendant ses expéditions, cette femme téméraire a su garder le « fil sentimental » qui la liait à la montagne, ne jamais abandonner. En 1993, pour ses 29 ans, elle est au Népal, un des amours de sa vie, où elle parvient au Khumbu-Lodge de 3500 mètres de haut, le Shisha Pangma de 8046 mètres et le Cho-Oyu de 8201. Chantal rajoute une difficulté dans chacune de ses expéditions, elle n’utilisera jamais d’oxygène pour monter. Elle est d’ailleurs la première alpiniste à refuser tout apport matériel d’oxygène, une décision qui correspond à son état d’esprit, rester proche de la nature.
Dans ses écrits, le rêve qui l’anime plus que tout est celui de gravir, un jour, l’Everest. Elle a voyagé à travers le monde, une dizaine d’expéditions en Himalaya, au Canada, en Patagonie, au Pérou, en Bolivie, en Argentine, au Pakistan. En janvier 1994, elle part, accompagnée d’une équipe de skippeurs, cinéastes et cameramen, à la conquête des monts antarctiques, où elle fait son baptême de Haute Mer : Mont Foster, Mont Williams, icebergs. Après un séjour en Thaïlande où elle décide d’un titre provisoire pour son livre « Montagnes d’horizons et de passions », elle s’attaque à l’Everest côté népalais de 8500 mètres, les paysages presque magiques lui inspirent aussitôt de nombreuses lignes dans son carnet. Le 1er mai 1995, alors qu’elle est en expédition au Népal, elle apprend le décès de sa grand-mère qui rouvre la plaie encore sensible de la disparition de sa mère. Les mois suivants, elle a écrit des textes sur sa mère, ses blessures, son rêve, ses espoirs.
Cette grimpeuse hors-pair n’a jamais eu peur de vivre en absence totale de luxe et de confort, roulotte, tente, ou en attelle, atteindre le sommet était plus important que ces détails. En 1996, elle atteint l’Annapurna, l’un des dix plus hauts sommets du monde, le Chotse de 8516 mètres et le Manaslu de 8163 mètres.
En 1997, elle accède au sommet du Gasherbrum de 8035 mètres, son dernier 8000 mètres. Cette même année, elle publia son unique livre, qu’elle renomme « J’habite au paradis » aux éditions Lattès. Le 26 mars 1998, Chantal retrouva le Népal, à son arrivée à l’aéroport de Katmandu, elle se sentit rempli de joie et lui inspira nombreux textes. Le Népal reste et restera son amour. Chantal entretenait une relation fusionnelle avec la montagne. Elle était souvent saisie par des intuitions comme si la montagne lui envoyait des signes.
Chantal est montée et redescendue sans oxygène jusqu’à 8755 mètres, sur le sommet situé au sud de l’Everest.
Elle meurt le 16 mai 1998, accompagné de son sherpa et ami Ang Tséring sur les pentes du Dhaulagiri, ensevelis par une avalanche pendant leur sommeil.
Outre son parcours d’alpiniste, Chantal Mauduit avait autre corde à son arc. Elle était une pacifiste, une protectrice de la nature « mieux vaut choisir la Nature que la machine dévastatrice », et son amour pour les montagnes en témoignent), défenseuse infatigable des Droits de l’Homme et du Peuple, son combat contre l’oppression et même du « génocide », dit-elle, du peuple tibétain par l’Armée Chinoise. Elle a décidé de rencontrer les réfugiés tibétains et le Dalaï Lama, son « porte-parole de la paix ». Du haut du toit du monde, son regard s’est posé sur la petitesse de l’homme. Elle s’est soulevée afin de mobiliser les alpinistes pour prendre conscience de cette situation intolérable qui tue et réprime chaque jour les Tibétains.
L’association, qui porte son nom, est une manière de lui rendre hommage et de prouver que son message de paix nous a été transmis. Elle a été créée dans le but de s’occuper de son filleul, jeune népalais et des enfants de son compagnon de route Ang Tséring.